Mercredi 5 juin

Tous ensemble, on passe nos montres à l'heure locale (UTC +1, donc). On part vers 8h, en se disant qu'on va aller le plus loin possible. On ne tiendra pas les quarts aujourd'hui, si il y a besoin de continuer cette nuit on les reprendra à 20h. La pluie s'est arrêtée et on ne la verra plus pendant 2 jours.

Le vent est Nord-Ouest (force 4 ?) et je vous laisse deviner dans quelle direction on va ? On envoie grand-voile, trinquette et voile d'étai, mais si on veut pouvoir avancer un peu, il faut s'appuyer au moteur. On fait 3 bords : un bord vers le 15, un long bord vers l'ouest, puis à nouveau vers le nord (mieux : 10). Il y a quelques nuages et pas mal de soleil. La mer est magnifique, verte ou grise ardoise selon le soleil, toujours cette longue houle qui aime bien le bateau (et c'est réciproque).

A 16h30 on passe devant les îles Skellig, comme deux grandes dents sorties de la mer. La plus grande, Skellig Michaël (ou Great Skellig), la plus vers le large, a été habitée par des moines, il y a plus de mille ans... Quelle idée, quelle force, quelle foi pouvait donc pousser des hommes à venir construire des habitations sur ces morceaux de cailloux, souvent inaccessibles par la mer, ouverts au vent, à la tempête, et sur lesquels pas grand chose ne devait pousser ? Entre Skellig Michaël et la côte, on trouve Little Skellig, qui apparait toute blanche, parce qu'elle est recouverte d'une colonie de plusieurs milliers de fous de bassans qui y nichent. La grande île est visitable, au départ de la côte. La petite est une réserve naturelle.

     

La côte derrière est toujours aussi sublime, falaises, prairies et montagnes dans les nuages. On a l'impression que c'est désertique mais un coup d'oeil aux jumelles montre que partout, les hommes sont passés et ont patiemment édifié d'innombrables murailles avec les cailloux récupérés dans les champs, pour faire de la place aux moutons et pour essayer d'empêcher la terre de partir avec le vent...

Il fait toujours beau, même si l'air vif et le pont recouvert d'une couche de sel humide nous font supporter tranquillement les cirés. Jolie brochette de schtroumpfs jaunes et rouges sur le pont, le col relevé jusqu'à la bouche et le nez luisant de crème solaire !

   

A 17h30, on peut mettre à la voile : on envoie la misaine, le petit foc et le grand foc. On doit donc abattre un peu. Quelques heures de simple bonheur de voile en se dirigeant vers l'entrée de la baie de Dingle et en particulier Ventry Harbour, juste à l'entrée ouest de Dingle Bay. Ventry Harbour est une grande baie circulaire, protégée par une montagne. Quand on arrive, cette montagne a la tête dans les nuages et donc entièrement dans l'ombre, mais de temps en temps, les nuages se trouent pour laisser passer un rayon de soleil qui, comme un projecteur de théatre, vient souligner d'un cercle de lumière un champ, une maison, un mur de pierre... On mouille (presque) à la voile à 21h, au centre de la baie, tout seul, à peine quelques personnes sur la plage...

   

On finit encore cette belle journée à bord. C'est marrant, mais personne n'a envie de descendre à terre, malgré l'appel du houblon qui en titille quelques-uns depuis qu'on a vu les lumières du Fastnet. Il y aura bien le temps, à Galway, d'aller faire la tournée des pubs. En attendant, on est bien dans notre belle maison flottante, et on n'a pas envie de la quitter...

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