Une journée à bord de l'Albatros entre Granville et Chausey
23 juin 2001

Premier vrai week-end d'été en Manche, bon petit vent et soleil généreux. J'embarque sur l'Albatros, un petit (5,80 m) maquereautier de la fin des années 40, avec un beau gréement aurique. C'est un voilier "nature" : pas de moteur, pas d'électronique, pour la navigation un compas de route, un compas de relèvement, et un sondeur à plomb... L'absence de moteur impose rigueur et humilité, surtout dans ce coin où on ne peut pas trop compter sur le courant pour nous ramener au port, si le vent est défaillant. Mais quel plaisir de préparer et réussir (enfin, pas toujours...) de belles manoeuvres à la voile, il est de bonne composition et se laisse manoeuvrer facilement.

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Nous sommes deux, Jean-François le capitaine d'un calme à toute épreuve et moi-même, à quitter le port ce samedi matin, avec un vent pas très fort, nous obligeant à godiller un peu pour sortir (j'ai des leçons à prendre!) et on se traine un bon moment le long de la digue du port. On hisse toute la garde-robe: grand-voile haute, foc et trinquette, merveilleuse voile de flèche, la silhouette est parfaite. Le vent se prend enfin dans les voiles dès qu'on a passé la pointe du Roc et on file vers l'archipel qu'on devine au loin dans la brume de chaleur. Quel bonheur à la barre, le bateau parfaitement équilibré file au près sur la mer presque plate, l'équipage échange des regards heureux sans rien se dire, pas besoin de mots.

Le vent rentre un peu à l'abord des îles, on prolonge le plaisir le temps de quelques bords devant les cailloux puis on rentre dans l'archipel. Et comme on aperçoit au loin les voiles de la Granvillaise, on va les rejoindre pour mouiller, sous grand-voile et trinquette, pas trop loin de la "grande soeur". Apéro, repas, café, baignade (elle est froide!), sieste, la vie est bien dure.

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Le vent a un peu forci, on repart sous foc et grand-voile, à la limite de s'échouer sur un banc de sable mais ça passe! On longe l'archipel coté nord en remontant vers la Grande Ile, et on croise toute une flotille de rameurs, il y a du y avoir une course, quelques jolis doris et Fidélité, la yole de Coutances (qui fait partie du défi Jeunes Marins du Chasse-Marée). Ils hissent les voiles (joli gréement au tiers) et partent à une vitesse impressionnante! On aperçoit au loin les voiles de la Granvillaise qui défilent au dessus des cailloux comme un film en accéléré (à 8 noeuds!).

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La mer s'est un peu creusée et la petite coque de l'Albatros danse sur les vagues comme un bouchon. Un vrai TP de physique sur les centres de gravité et l'équilibre dynamique! Vent portant, on rentre plus vite que prévu, en attendant l'ouverture de la porte du port on se refait encore quelques petits plaisirs, un petit bord vers la Granvillaise, virements de bord et empannages... Quand je pense que ce petit bateau a failli partir au musée, ou pire...Quel bonheur de sentir l'eau filer sous la coque, de voir la lumière du soleil du soir sur les voiles.

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Les voiliers font maintenant la queue pour rentrer dans le port, et en tachant de passer le plus près possible de la digue pour ne pas les gêner, on se fait piéger par le jeu du vent et du courant, et on se retrouve lentement mais surement aspiré par le mur et on vient tout doucement se coller le nez à la digue, bien perpendiculaire... Qu'est ce qu'on fait maintenant?? En se promettant bien, pour la prochaine fois, d'apprendre à godiller en marche arrière, on se dépale comme on peut avec la gaffe, pas très élégant mais après quelques efforts, on finit par se retrouver dans le bon sens. Quelques manoeuvres un peu sportives dans l'entrée du port au milieu des voiliers (les gens rigolent, c'est toujours çà) et on retrouve le ponton en douceur.


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