Dimanche 13 février

Aujourd'hui, nous avons la chance de pouvoir visiter un abattis (espace de culture vivrière gagné sur la forêt).

Les amérindiens pratiquent depuis des temps immémoriaux la culture sur brulis pour assurer la subsistance de leur village. Cela nécessite un travail énorme: abattage des arbres, brulage des souches, enfouissement des cendres, plantations, entretien, récolte... Tout se faisait (et se fait encore) à la main, avec une simple machette. L'abattis sert pendant quelques mois ou années, et quand il commence à être moins productif, il est abandonné pour une autre parcelle où le processus recommence, laissant la forêt revenir sur l'abattis abandonné.

Cette technique devient difficile de nos jours, quand la pression est plus forte sur chaque hectare (augmentation de la densité d'habitation) et où il faut demander l'autorisation à l'Etat pour utiliser la terre, une démarche qui n'est pas très compréhensible pour les amérindiens.

L'abattis que nous visitons date de quelques mois, il est utilisé par plusieurs familles du village palikur de Macouria (près de Cayenne).

Il se présente comme une clairière dans la forêt. Au premier abord, on a l'impression que tout pousse en désordre, et puis on se rend compte que la place de chaque végétal est pensé, et que tout ce qui pousse sert à quelque chose. Manioc, bananes, ananas, piments de toute sorte, plantes médicinales... Tous les besoins (ou presque) sont couverts par les plantations.

       

L'abattis est situé dans un endroit très beau, au bord d'un marais (même si cet endroit ne satisfait pas trop les utilisateurs car la terre n'est pas de très bonne qualité pour les cultures).

Il y a quelques batiments construits au milieu des cultures. Les familles passent ici de nombreuses heures : il y a un coin cuisine, un endroit pour s'abriter de la pluie, sans doute aussi un endroit pour quelques cérémonies rituelles (on voit quelques batons décorés qui servent pour les danses).

   

Dans un de ces batiments, plusieurs personnes fabriquent le couac, semoule de manioc qui sert de base à toute la nourriture (un peu comme le pain chez nous). C'est aussi un très long travail. Il faut récolter le tubercule de manioc, le faire tremper quelques heures, le raper, laisser fermenter encore, filtrer, faire sécher, cuire sur un énorme fourneau pendant de longues heures (épuisant par la chaleur ambiante...)... Plus de 2 jours de boulot pour un aliment sans aucune valeur nutritionnelle en soi, mais source de fibre et qui "calera" bien en le mélangeant avec du bouillon ou du jus de fruits du palmier (incroyablement nourrissant, par contre).

Sur un petit fourneau, des enfants font cuire des atipas, drôle de poissons des marais qu'on croirait réchappé de la préhistoire avec leur carapace externe assez bizarre. Ils sont capables de traverser les routes en saison des pluies. C'est un met délicat, grillé ou en ragout!

     

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